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Algérie : les Africains sub-sahariens victimes collatérales de la dhimmitude ?

Les États-Unis ont adopté en 2000 la loi sur la protection des victimes de la traite « Trafficking Victims Protection Act » (TVPA) pour lutter contre la traite des personnes dans le monde,[i] dans le cadre de programmes des Nations Unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes. Depuis, le Département d’État publie chaque année un rapport sur l’état de la traite dans le monde, pays par pays. Selon le rapport (page 70), l’Algérie (en rouge sur la carte) ne fait pas d’efforts pour combattre la traite d’êtres humains, contrairement à ses voisins. Des clans mafieux exploitent les migrants sub-sahariens pour le trafic de main-d'œuvre et pour la traite sexuelle. Le rapport suggère un véritable racisme systémique anti-Noirs en Algérie. Dhimmi Watch s’intéresse à l’Algérie, dont l’histoire est mêlée à un autre racisme, la dhimmitude, visant les non-Musulmans, Juifs et Chrétiens notamment.[ii] La dhimmitude semble en effet ouvrir la voie à d’autres discriminations, selon la couleur de peau : le racisme anti-Noirs. Les Africains sub-sahariens sont en quelque sorte des victimes collatérales de la dhimmitude. La traduction est de Dhimmmi Watch. Pour le texte complet original voir la référence i.

Le Gouvernement algérien ne satisfait pas pleinement aux normes minimales de lutte contre la traite d’êtres humains et ne fait pas d’efforts importants pour y parvenir… Malgré le manque d’efforts significatifs, le gouvernement a pris quelques mesures pour lutter contre la traite, notamment en poursuivant certains trafiquants, en identifiant certaines victimes et en poursuivant la mise en œuvre de son plan d’action national de lutte contre la traite 2019-2021….

Des victimes punies pour des actes illicites que les trafiquants les ont contraintes à commettre

Le gouvernement a également coopéré avec une organisation internationale pour élaborer un projet de loi contre la traite et un projet de mécanisme national d’orientation des victimes. Cependant, le gouvernement a poursuivi et condamné moins de trafiquants et identifié moins de victimes par rapport à l’année dernière. Le gouvernement n’a pas mis en place de procédures ni de mécanismes efficaces pour dépister, identifier et orienter les victimes potentielles vers les services de protection de manière appropriée et proactive. En raison de l’inefficacité des mesures prises par le gouvernement pour filtrer les victimes de la traite parmi les populations vulnérables, telles que les migrants africains, les réfugiés, les demandeurs d’asile et les personnes se livrant à des activités sexuelles commerciales, les autorités ont continué de punir certaines victimes pour des actes illicites que les trafiquants les ont obligées à commettre. Les mesures prises par le gouvernement pour expulser les migrants sans papiers ont dissuadé certaines victimes de cette population de signaler les délits de traite à la police ou de demander une assistance indispensable. En outre, le gouvernement n’a pas fourni de services de protection adaptés aux besoins des victimes de la traite et n’a pas indiqué combien de victimes avaient reçu une assistance….

L’exploitation des migrants(es) sub-saharien(ne)s

Les femmes et les filles étrangères, principalement des migrantes d'Afrique subsaharienne, sont exploitées dans le trafic sexuel dans les bars et les maisons closes informelles, généralement par des membres de leurs propres communautés dans tout le pays, y compris dans des villes comme Tamanrasset et Alger. En 2019, des organisations de la société civile ont rapporté des rapports anecdotiques selon lesquels des réseaux criminels exploitent de jeunes femmes adultes d'Afrique subsaharienne, âgées de 18 à 19 ans, dans le trafic sexuel en Algérie. De nombreuses femmes migrantes subsahariennes dans le sud de l'Algérie entrent volontairement dans des relations avec des hommes migrants pour se fournir un abri de base, de la nourriture, des revenus et la sécurité, en échange de relations sexuelles, de cuisine et de nettoyage. Bien que nombre de ces relations soient prétendument consensuelles, ces femmes risquent d'être victimes de traite, et les migrants de Tamanrasset ont signalé des cas de femmes empêchées de quitter la maison et violées par leur « partenaire ». En 2019, une ONG a signalé que les femmes et les filles algériennes sont également vulnérables aux réseaux de trafic sexuel, souvent en raison de difficultés financières ou après avoir fui leur domicile ; ces incidents seraient de nature clandestine et donc difficiles à identifier pour les autorités et les acteurs de la société civile…

Des enfants de 4 à 8 ans amenés en Algérie par des réseaux de trafiquants pour mendier

Les réseaux de mendicité criminelle sont courants et auraient augmenté en Algérie au cours des dernières années. Des sources journalistiques suggèrent que les dirigeants des réseaux de mendicité contraignent ou forcent les enfants migrants d'Afrique subsaharienne à mendier en recourant à des punitions. Les dirigeants locaux suggèrent que les enfants migrants peuvent également être contraints à travailler par leurs parents en raison de pressions économiques extrêmes. Selon des sources crédibles en 2017, les migrantes nigériennes mendiant en Algérie, qui portent souvent des enfants - parfois loués à leur mère au Niger - pourraient être victimes du travail forcé. De plus, selon des observateurs en 2017, des enfants nigériens, âgés de quatre à huit ans, sont amenés en Algérie par des réseaux de trafiquants avec le consentement de leurs parents et contraints de mendier pendant plusieurs mois en Algérie avant d'être renvoyés dans leurs familles au Niger.

[i] US Department of State, Trafficking in Persons Report, 20th edition, Juin 2020; https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/06/2020-TIP-Report-Complete-062420-FINAL.pdf

[ii] Jean-Pierre Lledo :  17 avril 2014 : L’Algérie et la disparition des Juifs, https://www.jeanpierrelledo.com/lalgerie-et-la-disparition-des-juifs-17avril-2014/

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