
L’objectif de Dhimmi Watch est réaliste. La preuve: on parle au sommet d’abolir la dhimmitude, comme le montre la série d’articles que nous publions. L’intention est-elle sérieuse, ou au contraire s’agit-il de déni ou de manipulation politique ? Nous avons demandé à Bat Ye’or de nous donner son avis sur la rencontre, au sommet , dont il est question, pour discuter de l’abandon de la dhimmitude. Voici sa réponse (AF).
C’est une grande satisfaction pour moi de voir que le concept que j’ai défini toute seule, concept combattu et ridiculisé dans les années 1990s par les Académies du Savoir, les Augustes Aéropages Politiques et l’Olympe journalistique comme encore récemment par Jean Birnbaum dans deux pages d’insultes à mon égard dans Le Monde le 15/02/18 – ce concept donc qui m’a valu le rejet, la diffamation, l’ostracisme et la criminalisation, a été reconnu dans une discussion le 5/02/2018 entre le pape, le Grand Cheick d’al-Azhar et les plus hautes institutions religieuses juives, chrétiennes et musulmanes. A mon insu naturellement et sans prononcer mon nom. Je ne sais d’ailleurs comment ces hautes autorités de la morale juive et chrétienne s’accommodent de cette occultation de la personne qui osa, défiant toutes les oppositions, mettre un nom et par conséquent la rendre visible, sur une institution juridico-théologique active durant treize siècles dont elle étudia les origines et les fonctionnements.
Tous ces efforts sont naturellement louables et je ne doute nullement des bonnes intentions de chacun. Cependant malgré les paroles de sagesse du Grand Cheikh d’Al-Azhar, les persécutions de chrétiens ont continué dans des pays musulmans africains et même en Europe et en Israël ou des juifs et des chrétiens ont été attaqués, parfois tués et décapités aux cris de Allah al Akbar. On voit donc que les éléments de la dhimmitude qui se répandent dans le monde, y compris en Occident de multiples façons, ne doivent pas se limiter aux discussions entre autorités religieuses, mais doivent être examinés au niveau politique le plus élevé. Or c’est précisément ce niveau politique occidental qui refuse obstinément ce concept et en interdit l’étude.
La proposition visant à repenser le Pacte de Médine pourrait être positive, cependant ce n’est pas ce pacte qui a déterminé la dhimmitude mais le djihad et les interprétations du Coran et des Hadiths par des théologiens après la mort de Mahomet. On pourrait réformer ce corpus juridique qui constitue la dhimmitude en alléguant la faillibilité humaine dans l’interprétation des textes religieux et leur contextualisation par les mentalités de l’époque. C’est exactement ce raisonnement qu’ont suivi les Eglises et les diverses autorités juives pour sortir des ornières du passé, garder l’essence des valeurs spirituelles religieuses et s’adapter à la modernité. On ne voit pas pourquoi l’islam ne ferait pas de même.
Mais si le but de cette rencontre est uniquement d’ordre politique comme l’explique le journal : « écarter les jeunes musulmans européens de l’instrumentalisation politique de leur religion et contribuer ainsi à mettre un coup d’arrêt au succès de l’extrême-droite islamophobe, antisémite et raciste en Europe. » la dhimmitude a encore un bel avenir. Car ces termes : extrême-droite islamophobe, antisémite et raciste en Europe, empruntés au contexte politique des années 1910-50s sont totalement déphasés et n’ont aucun sens dans la réalité politique du XXIe siècle marqué par la mondialisation du djihad et ses instrumentalisations par des pouvoirs occidentaux. Aussi il semble que cette rencontre ait été organisée pour permettre à l’Union européenne et aux gouvernements en place de pouvoir museler leur opposition qualifiée d’ «extrême-droite islamophobe, antisémite et raciste » qui ne désigne personne car les insultes ne sont pas des arguments.
Bat Ye’or, 5 juillet 2021
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