Pourquoi le rapport de l’ISESCO est-il resté invisible si longtemps ? (Bat Ye’Or)
L’excellent article de Florence Bergaud-Blackler publié dans la Revue des Deux Mondes et sur le site de Dhimmi Watch[1] appelle quelques commentaires. Excellent parce qu’il met en évidence un document important publié par l’ISESCO, organisme semblable à l’UNESCO pour le monde musulman, c’est-à-dire un milliard et demi d’individus sinon plus, répartis dans 56 pays du globe et dans de nombreuses diasporas sur tous les continents. Ce document est important à connaître parce qu’il fournit aux communautés expatriées, notamment en Occident, un manuel de bonne conduite, de recommandations et d’exigences en matière d’éducation et de scolarité pour les immigrés musulmans.[2] Ce travail nous concerne car il traite d’intégration parmi les peuples européens. Bergaud Blackler examine avec pertinence et en profondeur les conséquences sociales et éducatives déterminées par les règlements du manuel.
On peut estimer au vu du délabrement du système scolaire en France et ailleurs et aux refus d’intégration dans les pays d’accueil, qu’ils furent largement suivis. Pour ceux qui sont familiers avec la culture islamique et sa conceptualisation de l’histoire, ses préconisations n’ont rien de surprenant. Elles s’efforcent de maintenir les immigrés dans la foi islamique et dans son cadre social et culturel spécifique.
Ce qui est surprenant ici n’est pas le manuel lui-même qui conformément à quelques versets coraniques dont la première sourate répétée quotidiennement cinq fois, interdit aux musulmans de suivre les voies des juifs et des chrétiens. Ce qui est inquiétant est le silence des autorités européennes à son sujet et leur indifférence. Que dit ce tabou sur les décisionnaires politiques européens ? Ce manuel fut publié en l’an 2000. J’en donnais une brève analyse dans Eurabia : l’Axe Euro-Arabe (2006), puis en 1010 dans L’Europe et le spectre du Califat où je m’étonnais que personne n’en parlât. Je me résolus donc à le mettre sur internet.
Un regard rétrospectif sur les années 2000 pourrait nous éclairer sur l’indifférence qui accueillit ce manuel visant à encadrer et façonner une population de plusieurs dizaines de millions de migrants en Europe, et qui inversement amorça ce que certains nomment un processus de dhimmisation des autorités scolaires, éducatives et politiques européennes.
Le troisième millénaire s’ouvrit sous le triumvirat de R. Prodi (Président de la Commission), J. Solana (Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne) et C. Patten, (Commissaire des Relations extérieurs de l’UE), autrement dit une invincible armada de chefs, secrétaires, commissaires, intellectuels, journalistes travaillant implacablement à la réconciliation et à l’union euro-islamique.
En octobre 2000 sous l’impulsion de Jacques Chirac, Arafat lança sa politique de chaos, avec une recrudescence du terrorisme palestinien et d’attentats suicides en Israël. S’ensuivit une campagne de diabolisation internationale de l’État hébreu qui atteignit son paroxysme à la Conférence mondiale “sur le racisme” sous l’égide des Nations Unies à Durban, où toute la planète était conviée à le conspuer (31 août-7 septembre 2001).
Quatre jours plus tard, le 11/09, avec les attentats terroristes aux Etats-Unis, l’opinion internationale prit conscience du jihad global. Comment, dans ces circonstances, sauver la politique de partenariat euro-arabe ? Les rues européennes s’emplissaient alors de flagellants européens implorant le pardon islamique. Juifs et Israéliens furent rendus responsables des attentats islamiques en Occident et devinrent un gibier pourchassé en Europe. C’est l’hallali dont on pourra lire la triste chronique dans les rubriques tenues par Shmuel Trigano et son équipe dans l’Observatoire du Monde juif, Paris, de novembre 2001 à l’automne 2004.
Cependant malgré les humbles supplications de pardon et la haine accusatoire tonitruante inculpant le peuple d’Israël, le terrorisme continua à tuer à Madrid, Londres, Paris… je renvoie ici à l’article de Matthias Küntzell sur ce site[3] qui explique fort bien l’exonération du coupable pour lui substituer la victime et tenter de sauver à tout prix ou quel que soit le prix, la fusion et le métissage euro-islamique.
Ce sont ce contexte et cette idéologie de culpabilisation forcenée d’Israël qui rendirent le manuel de Stratégie de l’ISESCO invisible. Les historiens du processus de dhimmisation de l’Europe ne pourront redresser son gouvernail sans renoncer à examiner et corriger l’implication de l’UE dans le jihad économique, militaire et culturel contre l’État hébreu.
[1] Florence Bergaud-Blackler : La stratégie de l’ISESCO : Pourquoi les islamistes s’en prennent à l’École de la République, https://dhimmi.watch/2023/02/02/la-strategie-de-lisesco-pourquoi-les-islamistes-sen-prennent-a-lecole-de-la-republique-f-bergaud-blackler/
[2] Evelyne Tschirhart : L’ISESCO, un programme de non-intégration des musulmans à l’extérieur du monde islamique : https://dhimmi.watch/2023/02/01/lisesco-un-programme-de-non-integration-des-musulmans-a-lexterieur-du-monde-islamique-e-tschirhart/
[3] Matthias Küntzell, Le 11 septembre et la mondialisation de l’antisémitisme ; Dhimmi Watch https://dhimmi.watch/2022/10/01/le-11-septembre-2001-et-la-mondialisation-de-lantisemitisme-matthias-kuntzel/