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Post-laïcité et islamisation (Richard Rossin, Cyril Aslanov)

Richard Rossin nous rappelle comment les lobbyistes islamistes manipulent la classe politique française, surtout la gauche, mais aussi la droite. Cyril Aslanov montre les atouts de l’islam dans le supermarché mondial des idéologies et des religions. Texte et vidéo de la visioconférence du 2 mars 2023.

Le texte de Richard Rossin est en premier, le lien de la vidéo complète de la soirée est à la suite de l’article.

Islamisation, de la laïcité à la post-laïcité en France (Richard Rossin)

J’avais montré ici même[1] la non-miscibilité de l’islam avec les valeurs magnifiées dans la devise de la République Française : Liberté, Égalité, Fraternité. Les items de cette devise sont les piliers de la laïcité. Y a-t-il une laïcité possible sans idée de l’égalité de droit chez les bipèdes ? Y a-t-il une laïcité possible sans idée du respect des liberté de penser et de s’exprimer, d’avoir des croyances différentes ? La laïcité, ce sont ces libertés-là, ce n’est pas l’interdiction de croire, c’est la barrière à l’intolérance, le garant d’une société égalitaire en droit.

Nous verrons quelles sont les conséquences politiquement acceptées de cette non-miscibilité.

Mais d’abord une courte histoire de la laïcité.

La naissance historique de la laïcité en France n’est pas simple. La France était, du temps de la royauté, la fille ainée de l’Église, le pays de l’exécution du chevalier de La Barre (1766) ! L’Église, en ce temps-là, était encore l’oppresseur. Un paradoxe : l’Église qui prônait les valeurs de charité et d’amour du prochain était depuis longtemps déjà devenue le tyran, en prenant le pouvoir.

Depuis la fin du XVIIème siècle, quelques Juifs étaient à nouveau tolérés dans le royaume mais pas les musulmans. A l’époque leur religion était considérée comme trop violente et intolérante. A l’époque, on n’avait pas oublié les attaques, les razzias sur les côtes d’Espagne, de France, de Corse, de Sardaigne et d’Italie ainsi que les asservissements comme ceux de Cervantès ou de Saint Vincent-de-Paul parmi tant d’autres. A l’époque, les textes fustigeant l’islam au nom des valeurs d’humanité étaient nombreux : Pascal, Montesquieu, Bossuet sans compter les Lumières : Rousseau, Diderot, Voltaire et son éditeur Beaumarchais, etc…

A l’époque, l’Église était l’oppresseur, alors ceux qui installèrent les prémices de la laïcité se jetèrent à corps perdus à la suite du slogan de Voltaireécrasez l’infâme ! qu’il clama à la table de Frédéric II de Prusse. Ce fut en France, la chasse aux curés et aussi aux rabbins et pasteurs. Les débuts de la laïcité égalitaire et libératoire furent difficiles et violents. L’Église édentée par la Révolution, il fallut inaugurer, pour combler un vide de valeurs, à la fois un culte de l’Être Suprême et une Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Quel logo fut choisi pour cette Déclaration ? Celui des tables de la loi ! celles porteuses des dix commandements. Ces dix paroles disent d’abord en quatre items la liberté puis, en un seul, le truisme du temps définissant l’être vivant comme un maillon dans un chaine de transmission et enfin les cinq dernières paroles affirment l’altérité, les droits égaux pour l’autre. La laïcité regroupe ces idées de liberté et d’altérité. Plus tard, cette déclaration des droits de l’homme sera intégrée au préambule de la constitution de la Veme République, précisant notamment que les manifestations d’opinions même religieuses ne doivent pas troubler l’ordre public établi par la loi.

Pourtant, l’ennemi clérical avait encore longtemps résisté dans sa volonté de régenter la vie des citoyens. Pendant des années, le combat fut rude pour faire rentrer la religiosité dans les foyers et laisser l’espace public libre. On connait les lois de l’enseignement public laïc (1882, 1886) et surtout celle, fondamentale, de 1905 de la séparation des églises et de l’État. Les hussards de la République étaient à l’œuvre pour le bien de tous et n’avaient encore peur de rien. Les règles de la laïcité dictent des comportements sociaux (ou plutôt interdisent des comportements sociaux intolérants, sectaires ou excluants) rendant la liberté à tout un chacun.

Les défenseurs de la laïcité ne voyaient et ne voientencore pour cible que l’église catholique. Certes, des symboles chrétiens restent à tous les coins de rue, des statues, des calvaires, des édifices religieux mais n’est-ce pas un héritage, le témoin d’un passé, la trace d’une construction sociétale et d’une culture ? Finalement, ce n’est que le fameux cinquième commandement du respect dû aux prédécesseurs que ces stigmates-là. La construction d’une Histoire s’appuie sur le passé, l’Histoire ne se construit pas ex-nihilo. Tout cela on le sait.

A l’opposé, ce qu’on connait moins en Occident, est la dhimma. C’est l’idée légiférée que le non-musulman est par nature un être inférieur au musulman. Il s’agit de soumettre le non-soumis, c’est-à-dire le non-musulman ce dont résulte une interminable liste d’interdits opposés aux dhimmis pour obtenir une survie douteuse ! Le fait même de l’appeler pacte de protection est un cynisme qui en dit long ! Le modus operandi de cette dhimma peut faire penser, en termes d’extorsion et de violence, à celui de la mafia prétendant protéger,[2] stigmatisation et humiliation institutionnelles en plus. Quant aux païens, athées et apostats, tout comme les homosexuels, ils sont voués à la mort ou à la servitude.

C’est ce qu’aujourd’hui, on appelle un apartheid.[3] Et on connait l’usage du renversement abusif et faux de l’accusation ! Le sujet est devenu d’importance avec l’immigration musulmane massive depuis la deuxième moitié du XXe siècle et depuis que certains de ces immigrants veulent importer une culture qu’ils prétendent avoir fui. La laïcité, en fait, leur est abominable.

Le début de la déconstruction de la laïcité qui s’étale devant nos yeux stupéfaits, correspond à celui de l’organisation, par des islamistes, des immigrants musulmans à un moment auquel les militants de la laïcité restaient mentalement bloqués dans un conflit, en fait un peu dépassé, avec le catholicisme… Ils ne voient pas qu’ainsi, ils favorisent l’émergence d’une religion dont la prégnance sur la vie sociale est infiniment plus grave et puissante. Ils ne voient pas que tout a déjà basculé sous les efforts conjugués des glissements sémantiques et d’une culpabilisation (sentiment oh combien chrétien !) de la colonisation. Ils entrouvrent la porte vers une ère de post-laïcité, expression pertinente que nous devons à Cyril Aslanov.

Reprenons-en les prémices : l’appareil de l’État, sous la pression puissante de revendications cultuelles, à la fois vestimentaires, alimentaires et immobilières, tente d’aborder le problème. Pourquoi ? La loi de 1905 précise bien que la République assure la liberté de conscience, assure le libre exercice des cultes pourvu qu’ils ne troublent pas l’ordre public mais elle ne salarie, ni ne subventionne aucun culte sur les budgets nationaux, départementaux, ni communaux ! Le cadre était clair et simple, il assurait un pouvoir vivre ensemble.

Pourtant, pour faire face à ces demandes minoritaires, la France était alors agitée par l’affaire dite du voile islamique à l’école, des commissions ad hoc sont nommées. Des grands mots sont prononcés : les fondements du pacte social sont sapés !   Mais, les commissions font ce que font les commissions… et le doigt est mis dans l’engrenage, 2003 est un tournant. François Baroin remet un rapport commandé par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin intitulé Pour une nouvelle laïcité[4] ! pour une nouvelle laïcité. Elle propose, de fait, une démission de l’État au profit d’une fantasmagorique société civile, comme si la laïcité était un état de la société et non un devoir pour l’État, il s’agit d’un transfert de l’exigence de neutralité de l’Etat vers la société civile et des agents du service public vers les usagers de l’espace public. La même année, le président Chirac avait aussi nommé une commission présidée par le médiateur de la République Bernard Stasi (l’oncle de Mario II de la Licra !). Le rapport expose les deux notions de neutralité de l’Etat et de liberté de conscience des citoyens sans apporter de solutions à la tension entre ces notions notamment à l’école, à l’hôpital, à l’armée ou en prison. Sa grande solution est l’adoption d’une Charte de la laïcité !  Une Charte qui a autant d’utilité que toutes les chartes, comme celle de l’ONU. Surtout, ce rapport appelle à des accommodements raisonnables sur les permis pour les édifications de lieux de culte, les aménagements pour les repas en cantine scolaire, le respect des fêtes religieuses, l’enseignement du fait religieux etc…bref, un démantèlement, la porte était ouverte et la nouvelle laïcité est une post laïcité. Suivent encore les rapports Rossinot (2005), Machelon (2006), le Haut Conseil à l’Intégration, l’Observatoire de la Laïcité (2007) d’abord auprès du Premier Ministre jusqu’en 2013 puis autonomisé et finalement remplacé par le Comité Interministériel de la Laïcité en 2021). Pourquoi autant de machins ? On a l’impression que le bâton est en feu… de fait, il s’ignifie ! Pour quels résultats, dites-moi ?

Dans la foulée, en 2003 aussi, est créé un Conseil Français du Culte Musulman, CFCM, à l’image du Consistoire Israélite de France. Un échec inévitable : l’islam refuse toute autorité interne et à fortiori externe, il est ainsi ingouvernable ce qui en rend l’intégration impossible. Ce CFCM vient de disparaitre… ne doutons pas qu’il y reste des braises sous la cendre !

Ainsi, le développement de l’islam a provoqué une profonde mutation de la perception de la laïcité en France. Dans la brèche se sont astucieusement engouffrés, puisque les valeurs sont désormais portées par les seuls citoyens, les auto nommés « indigènes de la République » qui vomissent tout ce qui n’est pas eux-mêmes dans leur vision identitaire qui les différencie justement de la République laïque et démocratique.[5] CE qui, de fait, est un appel à la dhimmitude ! un glissement de l’idée de droit à celle de pouvoir des minoritaires qui ne peut que mener à la disparition de la démocratie !

A quoi assite-t-on ? À une autocensure dans la presse qui se refuse à nommer certains délinquants “pour ne pas stigmatiser une communauté” ou bien qualifie les agresseurs et terroristes de déséquilibrés (question innocente : faut-il donc être un malade mental pour adhérer à l’islam ? Par de tels propos, ces journalistes feraient preuve de racisme et d’islamophobie !) Les juges qui invoquent à décharge pour des violeurs ou agresseurs leur méconnaissance des us et lois françaises (certains sont ainsi exonérés du nul n’est censé ignorer la Loi et donc de l’égalité devant la loi !) On voit les autorités, les préfets de police, les ministres de l’intérieur, les premiers ministres, les Présidents de la République, se voiler pudiquement les yeux devant les prières de rues qui privatisent abusivement des lieux publics censés être laïques. Les oreilles fermées aux discours et prêches de haine qui n’ont pas lieu dans des églises catholiques les dimanches. Le choix, il est surement innocent, de l’Institut du Monde Arabe pour organiser un colloque sur la laïcité. Même les œuvres classiques sont en danger d’être revisitées, comme celles de Dante, pour un respect dû à une seule religion qui se sent toujours agressée mais dont seuls des affidés ne cessent, eux, d’agresser au nom de leur vision du monde. Combien d’enseignants, de prêtres, de citoyens juifs ou non comme à Nice, de chefs d’entreprise furent assassinés, combien de journalistes, de penseurs, d’auteurs et d’éditorialistes, de dirigeants communautaires sont-ils sous protection policière ? Et les jeunes citoyennes qui sont harcelées comme Mila qui dut être exclue de son école puis protégée et qu’une ministre de la Justice, (oui, de la justice) avait accusé de blasphème ! Bel esprit laïc, on avait senti un mouvement de terre sous la sépulture du chevalier de la Barre. Les fatwas ne s’éteignent jamais, demandez à Salman Rushdie. Et les enseignants apeurés d’enseigner, et les revendications de burkini dans les piscines dans lesquelles les boxer shorts sont interdits pour cause d’hygiène ! Et je ne parle pas des territoires perdus de la République, en fait abandonnés, que révéla Georges Bensoussan. Partout l’État se désengage et partout la laïcité régresse. Nous vivons sans le savoir dans l’ère de la post-laïcité.

Et tout avait commencé par des glissements sémantiques et des sophismes avant les lâchetés et les démissions.

Certes, la loi de 1905 n’a pas été abrogée mais n’est appliquée qu’édulcorée par ceux mêmes qui ont la charge de la faire appliquer. La liberté d’expression se rétrécit comme peau de chagrin, la liberté n’est presque plus un droit, Boualem Sansal dans son petit éloge de la mémoire, invoque à juste titre un devoir de liberté.

VIDEO : Richard Rossin au début,[ Cyril Aslanov à partir de la minute 26, Discussion, avec interventions de Bat Ye’or.


[1]  Richard Rossin, 23 avril 2022, Féminismes et dhimmitude : L’affaire Mila et la progression de la dhimmitude en France ; une visioconférence de Dhimmi Watch, https://dhimmi.watch/2022/04/23/laffaire-mila-et-la-progression-de-la-dhimmitude-en-france-richard-rossin%EF%BF%BC/

[2] Le calife protège ses dhimmis contre les ennemis en cas de guerre. Mais pas contre ses propres caprices ni les exactions populaires : les Juifs de Khaybar et les Chrétiens de Najran, bien que s’étant soumis en 628 et 630 respectivement, furent chassés d’Arabie en 640 par le calife Omar ibn al-Khattab, qui décida qu’il ne devait y avoir qu’une religion en Arabie.

[3] Par exemple, le Rapport de la Mission d’Information parlementaire sur la question du port des signes religieux à l’école (Assemblée Nationale) cite Me Wassila Tamzali, avocate franco-algérienne : “les sociétés du sud méditerranéen sont restées figées sur une attitude fondée sur l’apartheid des femmes, c’est-à-dire l’empêchement de circuler des femmes.https://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1275-t1.asp#P789_197883

[4] Le rapport de François Baroin, après avoir réaffirmé les principes de la laïcité, conclut par un chapitre “ relancer la dynamique de l’intégration républicaine”, où l’auteur préconise d’ “augmenter le nombre des élus issus de l’immigration”, de créer “une faculté de théologie musulmane” et autres mesures qui semblent compenser, comme excuser l’exigence de laïcité par des mesures sociales pour les “quartiers difficiles” https://www.lemonde.fr/archives/article/2003/05/25/seize-propositions-dans-le-rapport-sur-la-laicite-de-francois-baroin_4262905_1819218.html

[5] Voir la dénonciation de la France et de la gauche par Houria Bouteldja, dans “je ne suis pas progressiste” (janvier 2023), entretien sur Miziane.Info https://www.mizane.info/houria-bouteldja-je-ne-suis-pas-progressiste/

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