Le point de vue de F. Bergeaud-Blackler sur les émeutes de juillet 2023 en France (Marylin Stern)
Les émeutes sont un signal d’alarme, un avertissement que les troubles ne sont pas seulement causés par des problèmes sociaux et économiques. Il s’agit plutôt d’un problème religieux que les laïcs ignorent de peur de confondre islam et islamisme. La solution …
Cet article est la traduction libre par Dhimmi Watch du résumé d’une conférence de Florence Bergeaud Blackler au Middle-East Forum, le 3 juillet 2023.
Le titre français est donné par DW.
Résumé original, en anglais prévaut pour toute ambigüité de la traduction[1] Pour voir la vidéo de la conférence[2]
Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue et chercheuse sur les normes islamiques en contexte laïque, est auteure du livre “Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête.” Dans le livre, elle enquête sur l’idéologie, la stratégie et la doctrine des Frères musulmans (FM) et de leurs réseaux en Europe. Bergeaud-Blackler est intervenue lors d’un webinaire (vidéo) du 3 juillet du Middle-East Forum des émeutes dirigées par des musulmans qui font actuellement rage à travers la France.
Voici un résumé de ses commentaires :
Après que la police, à un arrêt de la circulation, ait tiré et tué Nahel Merzouk, un jeune homme d’origine Nord-Africaine de dix-sept ans, des émeutes ont éclaté à travers la France lorsque la vidéo de l’incident a été diffusée sur les réseaux sociaux. Des groupes français de gauche ont dénoncé la police pour avoir commis un “assassinat politique” à cause de la race de Merzouk – un récit faisant écho aux émeutes aux États-Unis après la mort de George Floyd lors d’une intervention de la police.
Le fait que les deux affaires “aient peu de choses en commun” a été ignoré dans le feu de l’exigence de justice des émeutiers français. Contrairement à George Floyd, Merzouk conduisait une voiture qui n’était pas la sienne et sans permis, et il avait imprudemment mis des vies en danger avant que la police ne l’arrête. Bien que le policier qui aurait appuyé sur la gâchette ait été emprisonné, les réactions à la vidéo se sont rapidement propagées hors de contrôle. Les affaires Floyd et Merzouk ont toutes deux été présentées par des groupes de gauche comme des exemples “d’assassinat politique par une force de police qui tue des jeunes racialisés et défavorisés”.
Un parti de gauche au parlement [La France Insoumise], qui avait recueilli un soutien considérable des banlieues, fortement peuplées de minorités musulmanes, n’a rien fait pour calmer les troubles, et un autre groupe de gauche a appelé à la vengeance. Ces deux groupes ont fusionné avec des musulmans en colère contre le prétendu harcèlement policier de zones majoritairement musulmanes en proie à l’activité des gangs, au trafic de drogue et à la violence.
Les émeutes ont été à la fois un avantage et un inconvénient pour les islamistes, en particulier les FM, qui cherchent à faire de la ouma (nation musulmane) une “force culturelle, économique et politique”. L’avantage est que les émeutes prouvent l’échec des musulmans à s’assimiler à la culture laïque de la France. Mais l’inconvénient est que les FM voudraient que la prochaine génération de jeunes musulmans « forme une élite plutôt que d’être « prolétarisée ».
La Stratégie pour l’action islamique en dehors du monde islamique[3], un document publié au Qatar en 2000 et signé par l’Organisation Mondiale pour l’Éducation, la Science et la Culture Islamique (ICESCO), équivalent islamique de l’UNESCO, s’inspire de la branche française des FM. Le document décrit les mesures à prendre concernant l’éducation musulmane dans une société non musulmane. Les FM évitent l’assimilation, donnent la priorité à “l’éthique islamique” au lieu des valeurs laïques de l’Occident et ordonnent aux musulmans d’agir conformément à la charia en “ordonnant le bien et en interdisant le mal”. Puisque la promotion de la laïcité dans l’éducation nationale est considérée par la plupart des Français comme un moyen de préserver l’unité nationale et d’éviter les conflits religieux, la stratégie des FM est rendue “inadmissible” en France. Les Français préfèrent que la pratique religieuse s’exerce dans la sphère privée, les symboles usés étant autorisés, à condition qu’ils ne portent pas atteinte à la sécurité publique.
Les FM, cependant, exigent la tolérance pour leur intolérance envers l’idéal français d’assimilation des jeunes musulmans pour le bien public. C’est la méthode utilisée pour renverser le principe de tolérance. Bergeaud-Blackler décrit la méthode FM comme Frérisme – “Brotherism”. Cette doctrine, basée sur les enseignements du fondateur du FM, Hassan al-Banna, et de l’indo-pakistanais Abdul A’la Maududi, a été modernisée par le cheikh Yusuf Al-Qaradawi. Le frérisme est un mouvement transnational dont l’objectif ultime est la domination mondiale et dont la première étape consiste à rendre les pays non musulmans “compatibles avec la charia”.
Le concept est un “système d’action” qui rassemble les différentes composantes théologiques et juridiques et les écoles de l’islam sunnite, c’est-à-dire wahhabite, djihadiste, soufi et libéral, et passe d’une position médiane à “l’accomplissement de la prophétie ultime de l’établissement du califat sur Terre.”
Le côté grandiose de la mission que se sont donnée les FM n’est pas farfelue si l’on considère leur infiltration dans les institutions publiques, l’éducation, les universités, la santé, la justice, la police et les entreprises privées, où les FM exercent une influence de manière méthodique et dissimulée. Son objectif est de “modifier leur ADN pour les rendre compatibles avec la charia” en faisant avancer la directive des FM dans le “cadre des lois démocratiques”. L’influence s’exerce par des voies culturelles et économiques car les moyens politiques ne sont pas actuellement sous son contrôle.
Les FM exercent une influence sur les mosquées où les sermons introduisent une nouvelle “formule” qui implore les femmes musulmanes de porter le hijab (voile), appelle tous les musulmans à manger de la nourriture halal et associe aux pratiques de la charia une source de fierté islamique. Commentant les émeutes, une vidéo récente d’un imam (prédicateur) français a approuvé le rôle de la mosquée comme médiateur. L’imam a déclaré que la promotion des associations culturelles et religieuses islamiques empêcherait la violence des jeunes musulmans.
Ayant étudié la question pendant trois décennies, Bergeaud-Blackler ne considère pas l’islam lui-même comme irrémédiablement fondamentaliste. Il était possible d’être musulman par auto-définition sans avoir à porter le hijab ou à manger halal. Il était même acceptable pour les musulmans de proclamer qu’ils n’étaient plus musulmans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui parce qu’un musulman devrait cacher un tel sentiment ou risquer de créer des “troubles”.
Aujourd’hui, soixante-cinq pour cent des jeunes musulmans français considèrent la charia comme plus importante que le droit français. Les islamistes multiplient les pressions sur les institutrices pour qu’elles réintroduisent le hijab, interdit depuis 2004. Près de soixante pour cent des enseignantes du secondaire s’autocensurent, purgeant des sections de leurs plans de cours jugées incompatibles avec la charia. Les FM ont infiltré le réseau européen d’organisations non gouvernementales (ONG) antiracistes et encouragent la “discrimination positive” au sein de ces groupes. Ce concept stipule que les musulmans mériteraient des droits spéciaux et pousse un récit non prouvé selon lequel la démocratie d’Europe occidentale cherche à “déshumaniser” les musulmans. Étrangement, l’Union européenne (UE) rejette le fondamentalisme FM tout en continuant à promouvoir l’idée que l’État est un pourvoyeur d’islamophobie malgré le manque de preuves à l’appui. Il y a entre huit et dix millions de musulmans sur une population française totale de soixante-huit millions d’habitants. De nombreux musulmans se sont assimilés en France et une classe moyenne prospère croit et est représentée dans tous les secteurs des institutions publiques, des entreprises privées et des partis politiques.
L’existence du racisme antimusulman, surtout dans les années 1970, découlait de raisons historiques où il y avait des tensions entre la France et l’Algérie, mais pas de conflits religieux. Le concept d’islamophobie a commencé à gagner du terrain sur les réseaux sociaux au milieu des années 2000. Le FM s’appuie sur le sophisme de l’islamophobie “structurelle” comme “le principal instrument de propagation du frérisme”.
Contenir l’influence des FM dans la communauté musulmane de France est irréaliste parce que les FM ont “imprégné” les institutions françaises de l’idéologie frériste tout en restant dans la légalité et en exploitant la liberté d’expression de l’Occident. La façon de repousser l’objectif des FM de rendre la société française laïque compatible avec la charia est d’identifier sans ambiguïté le modus operandi des FM : détruire la démocratie en introduisant progressivement une théocratie islamique incompatible avec la démocratie. La guerre idéologique des FM pour transformer la société laïque française en une société charia compatible peut être comprise sur la base de ce que Bergeaud-Blackler a surnommé le V.I.P. – une vision, une identité et un plan. Les FM s’appuient sur le sophisme de l’islamophobie “structurelle” comme “le principal instrument de propagation du frérisme”.
Cette guerre idéologique ne peut être menée qu’avec une compréhension lucide et l’acceptation dans l’esprit séculier que le FM ne sera pas dissuadé parce qu’il adopte une vision à long terme. Les islamistes persistent dans leurs efforts pour supprimer la loi contre le hijab à l’école et ont tenté de faire passer une loi l’autorisant dans le sport, alors même que 77 % des Français ne la soutiennent pas. Si l’Occident ne trouve pas la motivation et la passion pour défendre la laïcité et les valeurs démocratiques, les islamistes essaieront « encore, encore, encore ».
Les émeutes sont un signal d’alarme, un avertissement que les troubles ne sont pas seulement causés par des problèmes sociaux et économiques. Il s’agit plutôt d’un problème religieux que les laïcs ignorent de peur de confondre islam et islamisme. La solution consiste à reconnaître la différence entre les deux et à prendre fermement position contre la seconde. La mentalité française évolue lentement car la société française a atteint un point de basculement. En conséquence, les laïcs refusent d’être qualifiés d'”extrême droite ou fascistes ou nazis” pour avoir dit “non” à l’islamisme et au projet FM d’une France conforme à la charia. La solution est que tous les partis politiques travaillent ensemble en tant que démocrates contre la théocratie.
Marilyn Stern [auteure du résumé] est coordinatrice de communication au Middle East Forum.
[1]https://www.meforum.org/64605/florence-bergeaud-blackler-on-the-muslim-led[2]https://www.youtube.com/watch?v=-rekidRM7IM[3] http://incarnation.blogspirit.com/files/StratégieExtVFLR1.pdf?utm_source=Middle+East+Forum&utm_campaign=4e4e328cc3